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jeudi 12 juin 2014

Jean de Fotheringhay

Texte extrait du livre de Colette Beaune, "Le Grand Ferré" :

"Jean de Fotheringhay est né en Angleterre dans une famille non noble et pauvre du Northamptonshire. Sa formation militaire se fait dans les guerres quasi permanentes qui sont menées sur la frontière écossaise.

Northamptonshire

Mais, comme beaucoup de jeunes Anglais de sa génération, il espère gloire, aventure et fortune. Or, c'est en France que ce font les gras profits d'une guerre toujours victorieuse de 1337 à 1360. On peut y espérer rançons et butins, et qui tombe sur un comte ou sur un riche abbé a fortune faite. " C'était une femme de rien, celle qui ne possédait pas quelque objet provenant des dépouilles de Caen ou de Calais et autres villes au-delà de la mer, vêtement, fourrure, ceinture, ustensile."

Pillage d'un château

A travers toute l'Angleterre, dans chaque maison, on peut voir des nappes, joyaux, vases de myrrhe ou d'encens, et linge venant de France. A côté de l'Ecosse pauvre et brumeuse, la France un pays de cocagne : richesse, avoir, position sociale, tout y est possible.
C'est à l'automne 1355 que Fotheringhay embarque pour le Cotentin dans l'armée du duc de Lancastre. Ce cousin et homme de confiance d'Edouard III vient en effet, après de nombreuses autres lieutenances, d'être nommé lieutenant en Bretagne au nom du duc Jean IV alors mineur.


Duc de Lancastre

Lancastre doit donc assumer la responsabilité pour trois ans (de septembre 1355 à août 1358) à la fois des opérations militaires dans le duché et de l'administration de celui-ci. Le 14 septembre 1355 Lancastre choisit ses subordonnés : il prolonge certaines des nominations de son prédécesseur ( pour les forteresses de Brest, Blain et Suscinio) mais nomme aussi des hommes à lui . Parmi ceux-ci deux chevaliers et six sans-grade dont Fotheringhay, R.Davy, S. de Neverton et Robert Knowles, qui ne vont pas tarder à ce faire connaître et sont retenus comme capitaines. 

Château de Suscinio

L'armée anglaise qui sert sur le continent est une armée de professionnels retenus au service du roi et soldés. L'endenture (l'acte de retenue s'appelle ainsi parce que les deux parties gardent la moitié de l'acte déchiré par le milieu; en cas de conflit, les dents du papier doivent se raccorder pour prouver l'authenticité de l'engagement) fonctionne à trois niveaux : le roi retient son lieutenant, celui-ci retient ses capitaines qui sont ici au nombre de 17, et ceux-ci retiennent ensuite les 200 à 300 hommes de leur compagnie qu'ils lèvent sur leurs propres terres s'ils en ont, ou à défaut sur celles du duc de Lancastre. 
La durée de l'engagement varie entre six mois et deux ans, la solde confortable est modulée selon la qualité (archer, homme d'armes, écuyer, chevalier). Chacun vient avec son équipement, ses chevaux et son armement. Ainsi, un chevalier est entouré de quatre hommes et se doit d'avoir au minimum cinq chevaux.


Marine anglaise

Le roi assure la traversée et des règles complexes fixent le partage du butin et des prisonniers. Malheureusement nous ne possédons aucune des endentures passées entre Fotheringhay et ses hommes. En 1355-1356, il est en garnison en Bretagne, mais passe très vite au service de Philippe de Navarre qui en fait, avant l'été de 1356, un chevalier et un capitaine de la garnison de Conches.


Conches
C'est dans l'armée navarraise qu'il participe à la chevauchée qui ravage la Normandie et aboutie au siège de Breteuil, auquel il ne participe pas puisqu'il s'est retiré dans sa garnison de Conches. En juillet 1358, il dirige les renforts envoyés par Philippe de Navarre à son frère Charles II dont les mercenaires anglais viennent d'être chassés de Paris.

Il participe alors à St Denis aux négociations qui ont lieu entre Edouard III et Charles II pour partager le royaume de France : Edouard aurait la couronne, Charles aurait la Champagne, la Brie et ses terres normandes pour lesquelles il prêterait hommage au roi d'Angleterre; le sort du reste de la Normandie et d'Amiens reste en suspens. Fotheringhay semble avoir négocié au nom de l'Angleterre puisque le traité du 1er août le qualifie de "noble homme messire Jean de Fotheringhay , chevalier du roi d'Angleterre" ce qui ne l’empêche pas, moins de quinze jours plus tard, d'être capitaine de Creil au nom de Charles II et maréchal de Philippe de Navarre

Or si Fotheringhay n'eut aucune réticence à participer aux chevauchées communes organisées par les Anglo-Navarrais contre Amiens (16 septembre 1358), Mauconseil (début août 1358) ou pour tenter de délivrer Saint-Valéry sous la conduite de Philippe de Navarre (début 1359), il s'illustra surtout comme capitaine de Creil d'août 1358 à octobre 1359.

Cette fonction marqua l'apogée de sa carrière militaire et lui assura la célébrité, à vrai dire pour des raisons qui n'avaient pas grand-chose à voir avec la prouesse chevaleresque ni avec les pratiques de la bonne guerre - celle qui permettait à l'homme d'armes d'assurer son salut.

Pour connaître la suite il faut lire : Le Grand Ferré de Colette Beaune aux Editions Perrin

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