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dimanche 6 juillet 2014

Jean Markale

Article en biographie paru en 1994 dans l'Express


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 Après avoir abondamment donné dans l'histoire des Celtes et de la société celte, vous vous êtes engagé dans la réécriture du cycle du Graal dont le cinquième tome, ou plutôt la cinquième époque, intitulée Gauvain et les chemins d'Avalon, vient de sortir. A quand remonte cette passion? Très loin sans doute?
Jean Markale.
 Breton et irlandais d'origine, élevé par une grand-mère bretonne qui me racontait d'étranges légendes, passant mes vacances en bordure de la forêt de Brocéliande, je serais tenté de dire que cette passion m'est venue tout naturellement. En classe de troisième, j'ai fait la rencontre d'un jeune professeur, Jean Hani, fou de poésie moderne et de littérature médiévale, notamment des romans de la Table ronde. 
Il fut dans ma formation un élément déterminant comme le sera, à 17 ans, la rencontre avec un prêtre qui habitait à Tréhorenteuc, en pleine forêt de Brocéliande, et que fascinaient également les légendes locales au point qu'il décora son église de scènes tirées du cycle du Graal. Plus tard, enseignant les lettres, j'ai cherché à mon tour à faire partager mon émerveillement. 

Pourquoi avoir voulu reprendre la légende du Graal alors que vous étiez connu jusque-là comme historien avant tout?
Sans doute parce que, après avoir fouillé pendant quarante ans dans les livres et les manuscrits pour expliquer ces légendes et tenter d'éclairer les rapports entre l'histoire sur laquelle elles sont bâties et les mythes qu'elles véhiculent (Le roi Arthur et la société celtique, La Femme celte, Lancelot et la chevalerie arthurienne, Merlin l'Enchanteur, L'Amour courtois ou le couple infernal, etc.), j'ai été saisi par la frustration de ne pouvoir raconter des contes dont je décortiquais le sens. Cela dit, mon entreprise n'est possible maintenant que parce que j'ai fait ce long travail de préparation. Voilà six ans à peine que je suis à temps plein sur le cycle du Graal, mais il y a quarante ans que je mûris le projet. 

Quelle est la modernité du mythe du Graal? Que peuvent nous dire encore ces légendes en cette fin de XXe siècle?
Plus qu'on ne le croirait de prime abord. Je vous rappelle, comme un clin d'oil, ce trait bien de chez nous qui consiste, chaque fois qu'on est confronté à une difficulté, à organiser une table ronde! Mais passons. Le Graal, qu'est-ce que c'est de nos jours? Ne dit-on pas dans le langage courant, en cette fin de civilisation que nous vivons et à la veille d'une autre pour laquelle nous cherchons de nouvelles valeurs, que nous sommes en quête de notre Graal? 
Au fond, le Graal renvoie à ce désir profond de l'homme d'aujourd'hui de trouver une justification à son existence. Prisonnier de ses fantasmes et de ses habitudes, il se projette dans le destin de ces chevaliers confrontés à des épreuves au bout desquelles ils se réalisent et toujours inspirés par ce sens aigu de la responsabilité collective. S'il en est un qui est vaincu, blessé ou humilié, il s'en trouve un autre qui aussitôt va le venger. C'est là un message qui a une résonance d'une grande actualité pour une société aussi fonctionnarisée que la nôtre, où la responsabilité se dilue à tous les niveaux. 

En quoi peut-on se reconnaître dans un personnage comme Lancelot?
Je vous répondrai par une expérience que j'ai vécue il y a quelques années à Rennes. J'avais fait avec ma femme une animation théâtrale dans les écoles de la ville en prenant Lancelot comme thème central. La règle consistait à faire jouer par les élèves des rôles dans une adaptation de leur propre cru. Ainsi y avait-il autant de Lancelot qu'il y avait d'adaptations et, bien sûr, c'était à qui serait le chevalier amoureux de Guenièvre. Les enfants ont été très sensibles à la légende qui veut que Lancelot ne connût son nom et ses origines qu'après avoir accompli bon nombre d'exploits. Et à travers ce personnage auquel ils s'identifiaient, ils prenaient conscience qu'eux aussi ne découvriraient leur personnalité, leur moi profond, que lorsqu'ils auraient fait la preuve de leurs capacités.

Et Gauvain, le héros du dernier tome paru de votre cycle du Graal, qui est-il? Comment le définiriez-vous par rapport à un Lancelot?
Gauvain, neveu et héritier présomptif d'Arthur, est toujours négligé par rapport à Lancelot. Il incarne pourtant une grande et belle figure, celle de l'ancien guerrier celtique qui puise son énergie dans la féminité. Sa force s'accroît au fur et à mesure que le soleil s'approche de son zénith et il atteint sa plénitude au milieu de la journée. Or, dans la tradition celtique et germanique, le soleil, qui est du genre féminin, est associé à la femme dispensatrice, métaphoriquement parlant, de rayons lumineux. Gauvain est séduit par toutes celles qu'il rencontre et se trouve entraîné dans un cycle sans fin d'amours successives et passionnées. 
Le jeune homme a de l'appétit. Mais ce n'est pas lui, pour autant, qui mettra la main sur le Graal!
Non, et d'ailleurs, devant une vitalité aussi débordante qu'elle ne peut guère approuver, la morale chrétienne trouve son compte. Pour s'être trop égaré, Gauvain n'ira pas jusqu'au bout de ses exploits. C'est pourquoi j'ai intitulé ce cinquième tome Gauvain et les chemins d'Avalon. Il est bien sûr la voie qui mène au Graal, mais c'est Galaad, le fils de Lancelot, qui achèvera victorieusement ce long parcours initiatique. Lancelot lui-même ne pouvait y parvenir, tant sa passion exclusive pour Guenièvre passait mal aux yeux de l'Eglise. Dans une première version, Perceval, qui sera le héros du sixième tome de mon cycle, était le roi du Graal mais lui aussi finit par paraître trop peu sûr et trop païen pour une Eglise - nous sommes au XIIIe siècle - en plein renouveau théologique. Galaad fera mieux l'affaire. 

Venons-en à votre travail proprement dit. Votre cycle du Graal, dites-vous, n'est ni une traduction ni une adaptation, mais une réécriture. Qu'entendez-vous par là?
Ce n'est pas une traduction par laquelle j'aurais été tenu de respecter à la lettre le texte d'origine. Ce n'est pas non plus une adaptation car je ne me suis pas contenté de raconter d'après les légendes. Des légendes, au demeurant, il y en a une multiplicité et certaines se contredisent. Pour l'une, Merlin est un roi devenu fou au cours d'une bataille et qui se serait mué en un devin inspiré par les dieux. Pour une autre, il est le fils du diable et d'une sainte femme. 
Mon entreprise, qui s'achèvera au huitième tome avec La mort du roi Arthur, a consisté à faire la synthèse de toutes ces versions et de les retranscrire dans un langage actuel d'où j'ai éliminé tous les médiévismes qui encombrent souvent les adaptations, si bonnes soient-elles. Après tout, lorsque Chrétien de Troyes a écrit son cycle du Graal, il a repris des légendes déjà fort anciennes en les mettant au goût du jour, c'est-à-dire en style "courtois". 
Le Graal est donc ce vase précieux qui contenait le sang du Christ. Mais quelle est l'histoire de ce mythe?
Le mythe n'apparaît qu'au XIIe siècle et résulte du croisement de deux thèmes. Un thème celtique qui est le chaudron inépuisable dans lequel bout une nourriture éternelle et qui a le pouvoir de ressusciter les morts. Un thème chrétien mais tiré des gnostiques et des Evangiles apocryphes, notamment des Actes de Pilate et de l'Evangile de Nicodème. Au pied de la croix, Joseph d'Arimathie aurait recueilli le sang du Christ dans un vase qu'il aurait mis à l'abri quelque part dans les îles Britanniques, l'énigmatique île d'Avalon étant le lieu où se trouverait le précieux dépôt. Il n'est pas indifférent d'observer que le mythe du Graal apparaît - au tournant du XIIe et du XIIIe siècle - au moment où l'Eglise est engagée dans une profonde réflexion autour de la transsubstantiation, autrement dit autour de la présence réelle du corps et du sang du Christ dans le pain et le vin. De là à penser qu'elle a trouvé profit dans la résurgence de ces vieilles légendes et que le cycle du Graal n'est, au bout du compte, qu'une ouvre littéraire détournée à des fins dogmatiques... pourquoi pas? 

Vous vous êtes également intéressé aux Cathares et aux Templiers. En quoi cette inclination pour les sociétés secrètes rejoint-elle votre goût pour les Celtes?
Tout se tient en fait. On a beaucoup associé le Graal et Montségur et, si l'on suit la version allemande de Wolframm von Aeschenbach, le château du Graal et le repaire des Cathares ne font qu'un, ce que je conteste. Mais j'ai vu sur place des touristes prendre des mesures le plus sérieusement du monde et tenter de découvrir le fameux trésor. Chez les Templiers, le mythe de la tête coupée est très présent dans une version galloise de la Table ronde. Le Graal y est représenté sous la forme d'un plateau sur lequel repose une tête tranchée. Est-ce un souvenir de la décapitation de Jean-Baptiste? 

Le succès de vos livres le démontre à l'envi: le monde celtique, longtemps confiné à des cercles d'initiés, est devenu un objet d'intérêt qui transgresse les frontières. A quoi attribuez-vous ce phénomène? Et de quand le datez-vous?
La tradition celtique, tradition européenne et chrétienne, a souffert de la domination exercée par la culture grecque et latine. Puis, insensiblement, les universitaires s'y sont intéressés en étudiant les nationalismes breton, gallois et irlandais, mais jusqu'à l'entre-deux-guerres, les traductions et les commentaires n'étaient guère lus au-delà d'une certaine élite. Ce n'est que lorsqu'on a commencé de s'intéresser à des cultures marginales à l'initiative du surréalisme (rappelons-nous la fureur pour l'art nègre) que l'on a pris conscience que nous avions aussi chez nous des traditions méconnues, occultées par le poids d'une indifférence séculaire. C'est ainsi que l'on a redécouvert les Celtes. Ce qui n'empêche pas que l'on continue de proclamer que la France est un pays latin. 
Certes, nous parlons une langue latine, mais nous comptons dans notre patrimoine intellectuel d'autres richesses dont nous sommes redevables, entre autres, à la tradition celtique. Et les Allemands et les Américains ne sont pas les derniers à revendiquer cet héritage. Il n'est que de les voir aujourd'hui folâtrer dans la forêt de Brocéliande où, étant enfant, je ne voyais que très peu de monde, hormis quelques bourgeois de Rennes venus s'imprégner des mystères de la Table ronde. 

En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/culture/livre/jean-markale_792273.html#KwMU6T5rlJyJF3cS.99



Le Cycle du Graal


Naissance du Roi Arthur

Incipit :
Il y avait autrefois, certains disent que c'était quatre mille ans après la création du monde, un roi très puissant qui, par sa sagesse, son courage et sa ténacité, avait établi sa domination sur tous les pays qui composent aujourd'hui la Grèce. Ses armées étaient bien organisées, bien pourvues d'armements et de chevaux, fort bien commandées par des chefs dont la compétence et la fidélité étaient à toute épreuve; ses ports abritaient de nombreux navires et regorgeaient de marchandises venues des quatre coins du monde .


Première époque

Le Règne des Géants
Les Rois de Bretagne
La véritable histoire du Saint-Graal
La Trahison de Vortigern
L'Enfant Merlin
Merlin et le Roi Emrys
L'Homme Sauvage
Le Chef des Bardes
Le Temps des Merveilles
Les Enchantements de Tintagel
Merlin le Fou
Excalibur

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Les Chevaliers de la Table Ronde

Incipit :
L'hiver suscitait de grandes tempêtes et des bourrasques de vent, de la neige sur le sommet des montagnes et des brouillards dans les vallées parmi lesquelles s'égaraient les voyageurs. Mais ceux-ci, lorsqu'ils parvenaient dans les villages et qu'ils allaient se réchauffer auprès d'un bon feu de bûches dans les chaumières où ils étaient accueillis, racontaient à qui voulait les entendre une stupéfiante nouvelle  : le royaume avait enfin un roi.


Deuxième époque

La Conquête du Royaume
La Lignée Royale
Les Incertitudes d'Arthur
Gauvain
Viviane
La Table Ronde
La Chevauchée du Prince Kilourh
Le Pèlerinage de Merlin
Tristan et Yseult
Le Fier Baiser
La Lance et le coup douloureux
le Testament de Merlin

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Lancelot du Lac

Incipit:
Quand la nouvelle de la disparition de Merlin se fut propagée dans tout le royaume d'Arthur et dans la Bretagne armorique, nombreux furent ceux qui se lamentèrent aussi bien dans le petit peuple que parmi les rois et les barons .

Troisième époque

La Grande Peur
La Dame du Lac
Les Aventures sans Pareilles
Le Blanc Chevalier
Les Sortilèges de la Douloureuse Garde
Le Seigneur des Îles Lointaines
La Charrette d'Infamie
Le Pont de l’Épée
La Revanche de Lancelot
Le Royaume sans Nom
Les Merveilles de Rigomer
La Fille du Roi Pêcheur

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                                         La Fée Morgane

Incipit:
Morgane errait sur les landes, ne sachant pas où elle allait, comme possédée par une fureur intérieure, mais trop fière pour exprimer sa rage par des pleurs qui lui aurait fait perdre, à ses propres yeux, toute la puissance et tout l'orgueil dont elle se sentait maîtresse.

Quatrième époque

Le Val sans Retour
Notre-Dame de la Nuit
La Dame de la Fontaine
Les Impossibles Sortilèges
Le Chevalier au Lion
La Princesse Lointaine
Les Vaines Aventures
Les Enchantements de Corbénic
La Fée des Brumes
Les Intrigues Malheureuses
Le Siège Périlleux
Le Château de Morgane

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Gauvin et les Chemins d'Avalon

Incipit:
On était à la Pentecôte, et le roi Arthur tenait cour plénière à Kaerlion sur Wysg. Là se trouvait rassemblés les meilleurs compagnons d'Arthur, Kaï et Bedwyr, qui ne le quittaient jamais, Yvain, fils du roi Uryen, Girflet, fils de Dôn, le beau et preux Guigemer, Bohort de Gaunes et son frère Lionel, nombre d'autres encore qui, revenant de lointains pays, brûlaient du désir de narrer leurs aventures.

Cinquième époque

L'Âtre Périlleux
Le Roi de la Rouge Cité
Le Chevalier sans Nom
Les Errances Décevantes
Le Château de la Merveille
A la Recherche de Gauvain
L'île aux Sept Colonnes
Les Routes de Carduel
Sur l'Autre Rive du Fleuve
La Demoiselle Chauve
Le Château des Brouillards
Les Chemins d'Avalon

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Perceval le Gallois

Incipit:
Au temps où le roi Arthur régnait sur l'île de Bretagne, une noble comtesse vivait à l'écart du monde, dans la Gaste Forêt, quelque part dans le nord du Pays de Galles, non loin de la montagne de Snowdon. On l'appelait la Veuve Dame, mais on savait qu'elle était née dans une grande famille, et que son défunt mari, le comte Evrawc, avait été l'un des plus fidèles compagnons du roi Uther Pendragon dans sa lutte contre les Saxons.

Sixième époque

L'Enfant des Forêts 
Les Épreuves Nécessaires
L'Occasion Perdue
Les Routes de Nulle Part
L'Impératrice
Le Cimetière des Douze Amantes
Le Clos du Nuage
La Gaste Forêt
Le Château de l’Échiquier
Le Château des Filles-Fleurs
La Fille de Merlin
La Vengeance de Perceval

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Galaad et le Roi Pécheur

Incipit:
On était à trois jours de la Pentecôte. Le roi Arthur avait envoyé par tout le royaume des messagers convoquer ses vassaux en cour plénière à Kamaalot, et il souhaitait ardemment que tous y fussent présents, car il y avait bien longtemps qu'il n'avait vu certains d'entre eux, retenus en des contrées lointaines par leur destin de chevaliers.

Septième époque

Les Présages Incertains
Le Bon Chevalier
Les Égarements de Perceval
Les Angoisses de Lancelot
Le Verger de Brunissen
Bohort de Gaunes
Les Grandes Tribulations
La Nef Merveilleuse
Le Sacrifice
Lancelot
La Guérison du Roi Pêcheur
Le Royaume Perdu

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La Mort du Roi Arthur

Incipit:
Après le retour de ceux de la Table Ronde qui avaient entrepris la quête du Graal, de ceux du moins qui avaient pu échapper aux périls qu'ils avaient affrontés en de lointain pays, le roi Arthur décida de convoquer l'ensemble de ses barons et de ses vassaux pour la prochaine fête de la Pentecôte.

Huitième époque
L’Étrange Histoire de Karadoc
La Femme au Sein d'Or
La Demoiselle d'Escalot
L’Éternelle Brûlure
La Voile Noire
Pour l'Amour de Guenièvre
Le Règne de Morgane
Le Réveil du Dragon
Le Siège de la Joyeuse Garde
La Trahison
La Mortelle Bataille
Quelque Part en l'Île d'Avalon

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